La Part de l'autre - E. E. Schmitt

« Hitler n’est pas moi, en tous les cas, pas comme moi », voilà ce que chacun se dit pour se déculpabiliser de ce qu’a été cet homme et de ce que ses pensées et ses actes ont entraînés il y a seulement un demi-siècle.

Eric Emmanuel Schmitt a décidé de s’attaquer à ce sujet délicat en compliquant la chose, car dans ce livre, il tente de démontrer que Adolf Hitler était un homme comme les autres. L’auteur ne pardonne en aucun cas ses actes horribles chargés de folie et de barbarie, mais il veut démontrer qu’en chacun de nous se cachent deux côtés : le bien et le mal. Lors d’une vie, la part de l’autre peut être gardée secrète, tapie au fond de notre être, ou bien se dévoiler suite à certains événements. Ici, l’évènement déclencheur sera l’admission ou l’échec à l’Ecole des Beaux Arts. Hitler a échoué au concours d’entrée et est devenu celui que nous connaissons. Mais que se serait-il passé s’il avait été admis ? Cette partie est complètement romancée, mais incroyablement intéressante car elle montre que chacun est maître des décisions donc maître de son destin. Dans cette version, une des clé est notamment une psychanalyse qu’A. Hitler réalise qui va le libérer du poids de son enfance qui l’aurait autrement rendu frustré. Eric Emmanuel Schmitt veut nous montrer que « notre passé n’a que le poids que nous laissons, réflexion et travail nous permettant de l’alléger ». Bref, un exercice difficile mais l’auteur ne peut que se féliciter du résultat. Un roman à vocation philosophique qui secoue et déclanche de nombreuses réflexions.

Seul note négative, le roman est tiré en longueur. A plusieurs reprises, je souhaitais arriver rapidement à la dernière page … la lecture de la vie du vrai Hitler me devenait insupportable au fur et à mesure que j’avançais.

Un grand merci à Eric Emmanuel Schmitt d’avoir partagé son carnet intime à la fin du livre. Il explique ses états d’âme ressenties et les différents évènements intérieurs et extérieurs survenus lors de la rédaction qui a duré de nombreux mois. J’adore car il se dévoile, et on ne comprend que mieux où il voulait nous emmener.